exposition de Cathy Jardon
Issus des matériaux traditionnels de la peinture : châssis / toile / couleurs, mes peintures sont une variation de formes simples : lignes, carrés rectangles, grilles... Ce vocabulaire élémentaire géométriques est toujours le même depuis 2003. Le résultat, par opposition, d'une toile à l'autre doit être dynamique et aussi souvent que possible renouvelé.
Prendre des risques, ne pas craindre les mimétismes.
Au modèle artisanal, les outils et les gestes sont, eux aussi, toujours les mêmes. En découle la délimitation des formes qui est stricte et sans retour. Même brisées ou cassées, elles sont toutes rigoureusement calculées. Il n'y a pas de place au hasard ou à l'erreur. Tout est pensé en amont. L'expérimentation n'est pas permise, la surproduction encore moins. Cette volonté d’optimiser l'acte de peindre me guide, structure et construit le travail aussi bien lors de mes recherches préliminaires qu'au cours de la réalisation de la toile. Concernant les couleurs qui ne peuvent être maîtrisées par la raison, il n'est ni question d'harmonie, ni de disharmonie. Encore moins de mes goûts. Leur rayonnement dépasse les dogmes, les théories, mes avis. Contrairement aux formes, elles ont toutes les libertés. Parfois bruyantes et envahissantes, les couleurs résonnent, se répondent librement. Les laisser agir, grandir et activer le tableau.
Le décalage des lignes, l’assemblage réfléchi d’éléments dépareillés, de couleurs sans accointances, suggèrent plus qu’ils ne revendiquent, et non sans précaution, la volonté irrévocable de miner l’édifice. Ne pas contenter le regard. L’inconfort parfois. Souvent la sensation vibratoire de la forme. Le travail bien fait, c’est celui qui défait proprement ce qu’il est censé produire.
La peinture doit trembler sur ses bases, vaciller, défaillir, fendre l’armure. La vie des formes et leur évolution dans le tableau : l'avant, le pendant, enfin le résultat. De l'idée au rendu plastique : que reste-t-il à voir ? Que s'est-il passé ? Les formes ainsi figées traduisent pourtant un mouvement (éboulement, effondrement, souffle, aspiration etc.)
Quel est ce mécanisme de composition ? Est-ce là, la construction d'une déconstruction ou la déconstruction d'une construction ? Le jeu des contraintes et des contraires est l'élément fondateur. Non sans ironie, je joue des paradoxes, des enjeux et des tourments de la peinture, ainsi que du sens et de la pertinence de l'abstraction géométrique aujourd’hui.
Cathy Jardon, 2013
|
|